jeudi 14 janvier 2016

Mes films de vampires préférés


La légende du vampire puise ses origines dans des traditions mythologiques anciennes et diverses, elle se retrouve dans toutes sortes de cultures à travers le monde.
Ce que j’aime en général dans les films de vampires c’est le côté romantique du destin tragique du personnage principal. Il est coincé dans l’histoire et ne peut en sortir,  étant  éternel. Il est seul malgré ses coups de foudre pour de belles jeunes femmes (ou hommes) inaccessibles, qu’il condamne à la mort ou à l’immortalité selon les versions.
L’ambiance visuelle et sonore est pesante, lourde de tristesse, de désespoir, de nostalgie ; on connaît dés le début la fin tragique du personnage comme pour tout film de genre. Mais on s’attend aussi à être agréablement surpris par le traitement du cinéaste d’un tel sujet.
C’est le cas pour les 5 films que je vais évoquer et qui sont très différents les uns des autres dans leur réalisation.


« Nosferatu le vampire » de F.W Murnau (1922)

C’est un film muet allemand. Il ne s'agit pas de la première adaptation filmée du roman de Bram Stoker mais c’est un des premiers films d'horreur, genre dont Murnau est un des pionniers, et un des grands chefs-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand. Il s'agit du même personnage que le comte Dracula créé par Bram Stoker, Murnau l'ayant simplement transformé (physiquement et moralement) pour éviter de payer les droits d'adaptation.
Le film est  originellement teinté couleur sépia . Le jaune est employé pour signifier le jour et la lumière artificielle ; le vert/bleu, la nuit ; et le rose pour le lever ou le coucher du soleil. Le film ayant été entièrement tourné de jour, ces couleurs donnent un repère visuel qui complète les indices contextuels (présence de bougies ou de lampes allumées ; indications dans les intertitres). Les thèmes comme la crainte, la peur et la terreur sont omniprésents. Mais aussi l’amour impossible.


Le Nosferatu de Murnau est très différent du personnage de Dracula tel qu'il sera représenté dans les futures adaptations filmées, notamment le Dracula de 1931, incarné par Bela Lugosi. Dans cette adaptation (qui sera la première officielle), le comte Dracula est un gentilhomme élégant, un être au charme mystérieux et raffiné ; il porte une cape noire, un habit de soirée et ses cheveux sont plaqués sur la tête. C'est cette incarnation qui va faire référence pour le cinéma et l'imagerie populaire. Tous les futurs interprètes du personnage, Christopher Lee ou Frank Langella s'inspireront du personnage joué par Bela Lugosi.

De nombreux hommages  ont été rendus au film de Murnau, à commencer par le film « Nosferatu, fantôme de la nuit » de Werner Herzog. (1979). Herzog a développé le côté solitaire et tragique du personnage du vampire Nosferatu, au-delà de son aspect de prédateur. Entre conte et romantisme, nostalgique et tragique.
Une atmosphère glaciale, tragique et funeste avec ce sentiment de mort planant au-dessus du récit. Tout est bien maîtrisé par Herzog qui use d'effets plutôt sobres, se contentant de quelques bruits de portes et de bien mettre en avant les décors et paysages, donnant lieu à de magnifiques plans et à des scènes aussi lugubres que fascinantes.

A vos agendas! Le samedi 23 janvier, à la médiathèque c'est Ciné-concert avec la projection du film! Bienvenue les gens!


« Entretien avec un vampire » Neil Jordan (1994)


Adapté du roman homonyme d'Anne Rice de 1976.
De nos jours, dans une chambre d'hôtel de San Francisco, un journaliste enregistre sur son magnétophone le récit d'un vampire vieux de plusieurs siècles. Ici le vampire traîne son statut tel un fardeau. Le film est d'ailleurs l'occasion de réflexions sur la culpabilité, la solitude et l'immortalité. Nous voyons des êtres dépourvus d'âmes se retrouvant ensemble, formant bon gré mal gré une sorte de famille de substitution. Un intérêt du film est aussi de montrer que les relations entre vampires sont comme celles entre humains. Les créatures sont aussi sensuelles qu'effrayantes, rongées par l'impossibilité de vieillir, d'aimer, de vivre. L’originalité de ce film est dans l’apparition d’un personnage troublant, celui d'une fillette devenue vampire qui est emprisonnée dans son corps d'enfant et distille derrière son visage d'ange un savoureux mélange d'innocence et de perversité. Contribuent également à la réussite de ce film les décors, les costumes, les maquillages, les effets spéciaux et la B.O. 

Toi et moi?

Selon Science-Fiction magazine, le thème de l'homosexualité dans la littérature vampirique est abordé dans cette version. En effet, l’un des héros Lestat, pour de nombreuses raisons plus ou moins obscures, décide de se trouver un compagnon pour partager une vie éternelle. Le vampire Armand a été transformé en vampire par son maître et amant Marius, et ce même magazine voit dans le trio Lestat, Louis et Claudia un modèle d’homoparentalité avec une fille adoptive.



« Morse » Tomas Alfredson (2008)


C’est un film d'horreur suédois. 
Basé sur le roman « Laisse-moi entrer  »de John Ajvide Lindqvist, le film relate la relation entre un garçon de 12 ans, victime de harcèlement scolaire, et sa voisine qui se révèle être un vampire. Il fut récompensé dans de nombreux festivals, il eu notamment le grand prix au festival de Gérardmer en 2009.
Un remake américain, « Laisse-moi entrer », est sorti en 2010.
Oskar, un blondinet de 12 ans, est le souffre-douleur de son collège entier.


Il passe ses nuits à rêver de vengeance et à répéter des attaques au couteau dans la cour de son immeuble. Un soir, il rencontre Eli, qui vient d'emménager dans le quartier avec un homme qui semble être son père. Eli a l'apparence d'une jeune fille de 12 ans mais est étrangement pâle, ne sort que la nuit et ne paraît pas être affectée par le froid de l'hiver suédois. Très vite, Oskar est intrigué par Eli. De plus, son arrivée dans le quartier coïncide avec une série de meurtres et de disparitions mystérieuses. Oskar finit par découvrir la double vérité : d'abord que Eli est un vampire, ensuite qu'il s'agit d'un garçon castré. Leur complicité n'en souffre pas et n'en est au contraire que plus forte. Les deux enfants développent une relation amoureuse et s'entraident. Morse" révolutionne totalement le film de vampires. Superbe ambiance, poétique, décalée, dérangeante, élégante, attachante. Une sorte de conte pour enfant macabre interprété avec une simplicité fascinante. il mélange habillement les genres pour finalement éviter de s'inscrire dans l'un deux en particulier.

 

“Only Lovers Left Alive” de Jim Jarmusch (2013)

Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ? Retour du thème romantique de l’amour éternel en lien avec la modernité et les métamorphoses mélancoliques du temps qui délabre nos villes. Un lumineux et nocturne voyage, parfois même drôle ou sarcastique.


 
Là encore on nous parle de  la difficulté des morts-vivants à habiter ce siècle, de la nostalgie, de la mélancolie, du désenchantement, du spleen à travers des errances nocturnes sur un fond de jazz et de rock, du couple de héros.