Elles se mirent à tenter de les transpercer de leurs tentacules aux pointes acérées, mais le groupe riposta avec les armes qu’ils avaient pu trouver, pierres, bâtons, et tenta de se défendre. Au terme d’une lutte acharnée, ils réussirent à se débarrasser des monstres, partis d’ailleurs bien trop facilement pensa Camomille,après seulement quelques minutes de combat. Elle enfonça ses doutes au plus profond d’elle-même, mais ceux-ci ressurgirent quand elle remarqua que Dan manquait à l’appel...
Il ne pouvait pas avoir disparu. Il était là à peine deux seconde plus tôt. Sous le coup de la panique elle nagea de-ci de-là à sa recherche. Aurait-elle la même capacité de respirer sous l’eau si Ardie n’était pas avec elle ? Elle allait vite la savoir. Finalement l’eau du lac devait être enchanté car elle n’eût pas besoin de remonter à la surface. Elle avait bien conscience que c’était une erreur de se séparer du groupe. Ça ressemblait à un mauvais film d’horreur. Allaient-ils tous disparaitre un à un ?
Après avoir fait quelques brasses, elle se mit à entendre un chant mélodieux, très beau et fort attirant…si bien qu’elle fut attirée et se dirigea vers cette mélopée sans la moindre peur. Camomille flotta sans effort jusqu’à une grotte où elle aperçut Dan entouré de sirènes qui semblaient faire tout leur possible pour le satisfaire : massages, sourires éclatants, mets étranges mais que dévorait leur otage. Voir Dan dans cette situation, sourire béat, yeux perdus dans le vide rompit le charme qui avait amené Camomille. Elle qui pensait que Dan était l’homme parfait ! Et il se laissait avoir par ces sardines chantantes qui prétendaient être des femmes fatales. Oui parce que vous ne l’avez peut-être pas remarqué, ou peut-être ne l’avons-nous pas mis assez en évidence, mais Camomille était très attiré par Dan. Il n’était pas obsédé par son apparence comme Kevin et il ne passait pas ses soirées à papouiller sa « Choupette » de tablette numérique comme Ambroise. Non, vraiment ce garçon-là avait un fort potentiel jusqu’à ce qu’elle le surprenne à apprécier la compagnie de ces naïades traitresses. Camomille, cachée derrière son rocher, se demandait quel plan elle pouvait mettre au point pour le sortir de là. Mais méritait-il vraiment d’être sauvé ? Elle pensa à se déguiser mais comment aurait-elle pu rivaliser avec ces beautés blondes et….AGHHHH ! Elle se haïssait de tant les admirer. Après tout elles avaient une queue de poisson à la place des jambes ! Non ? Qui trouverait ça sexy dans la vraie vie ? Qui étaient ces mégères pour oser conter fleurette ou plutôt conter alguette (parce qu’il y avait plus d’algues qu’autre chose) au type qu’elle convoitait ? Camomille prit son courage à deux mains et nagea jusqu’au groupe. Aussitôt quatre sirènes en armures et munie de lances l’entourèrent.
- Il est avec moi, dit Camomille.
Enfin c’est ce qu’elle crut dire alors qu’en fait elle n’avait fait que des gloups, glourp, glou-glou en faisant sortir des bulles de son nez et de sa bouche. Pour autant la troupe militaire sembla comprendre et lui répondit sans même ouvrir la bouche. Camomille n’entendit rien mais les paroles résonnèrent dans son cerveau. Alors là, si en plus elles étaient télépathes, elle ne pouvait pas lutter.
- Notre reine veut vous voir tous les deux.
- Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Adam
- C’est du reproche que j’entends dans ta voix ? Tu préfères peut-être que je te laisse avec ces morues ?
Ils se dirigèrent vers un énorme coquillage où se prélassait une sirène qui semblait avoir bien mangé à la cantine. Comme la reine des abeilles, la reine des sirènes était beaucoup plus enveloppée que les autres.
- C’est comme si la Vénus de Botticelli s’était fait engloutir par une baigneuse de Renoir.
Ouah ! Et en plus il s’y connaissait en art. Non vraiment, Camomille ne pouvait pas le laisser filer !
- Bonjour nobles ôtes. Je suis la reine très très gourmande des sirènes. J’ai bien l’intention de garder le joli brun pour en faire mon époux. Mais si tu résous l’énigme jeune bipède terrienne, je veux bien te le laisser.
Une énigme ! Camomille aurait préféré affronter une horde de gobelins plutôt de d’avoir à résoudre une énigme. Elle était nulle ! Mais l’enjeu était de taille alors…
- Je suis la reine très très gourmande des sirènes et si vous voulez sortir de mon royaume tous les deux, tu dois m’offrir un plat, mais attention pas n’importe quel plat !
- Ecoutez Madame …commença Camomille
- C’est Majesté et tu dois suivre le protocole. Tu dois te nommer et dire le nom du plat que tu m’offres.
- Majesté nous n’avons rien à manger…
Dan lui donna un coup de coude :
- Il faut jouer le jeu.
- Très bien votre majesté ! Je suis Camomille…
- Camomille ? Camomille de quel clan ?
- Euh…Camomille du clan des Padbol.
- Très bien Camomille du clan des Padbol, je t’écoute.
- Je suis Camomille du clan des Padbol et je vous offre un plat de spaghetti bolognaise.
- Beurk, c’est dégoutant ! Propose-moi autre chose.
- Ben…des algues.
- Suivez le protocole !
- A chaque fois ? Je suis Camomille du clan des Padbol et je vous offre une pleine assiette de haricots.
- Tu veux me tuer ! Trouve autre chose.
- Fait un effort Camomille, souffla Dan.
Non mais pour qui se prenait-il celui-là ? D’habitude c’était bien les princes qui délivraient les princesses et non l’inverse. Il commençait vraiment à lui courir sur le haricot justement.
Et c’est ainsi que Camomille continua à énumérer tous les mets qu’elle connaissait jusqu’à perdre courage et patiente.
- Je suis Camomille du clan des Padbol et je vous offre une prise de chou carabiné avec mon armée si vous ne nous laissez pas partir.
- On a une armée ? fit Dan incrédule.
- Du chou vous dites ?
- Oui majesté, du chou.
- très bien, vous êtes libres.
Dan et Camomille en restèrent estomaqués (surtout Camomille). Vous lecteurs aurez sans doute trouvé la clef de l’énigme mais pour notre chevaleresque héroïne qui venait de délivrer son prince, cela restait un mystère.
Dan et Camomille remontèrent à la surface. Ils avaient l’air de deux pauvres loques trempées.
-Bon sang, j’ai la peau toute fripée ! s’exclama Dan.
Et zut, il semblait bien que Dan était en train de se kéviniser, mais Camomille en avait vu d’autre et surtout elle était inquiète pour le reste du groupe car la nuit était tombée et ils semblaient les seuls à être revenu de ce petit intermède aquatique.
-Eh OH ! Ouais, c’est moi, Ardie ! Oh Eh. Vous cherchez vos amis ?
Le monstre était en train de faire des sauts périlleux comme flipper le dauphin. Il avait l’air en joie.
-Qu’est-ce qui vous rend heureux comme ça, s’inquiéta Camomille.
Elle espérait qu’il ne faisait pas toutes ces acrobaties pour digérer un repas trop copieux, du genre un blond, une blonde, un soft gothique et une Choupette.
-Mais vous ne voyez pas que c’est la pleine lune ? Ça ne vous met pas en joie ?
-Si, super, nous aussi on fera ce genre d’exercices dès qu’on aura retrouvé les autres, commenta Dan.
-Oh ben, ils sont au château, fit le monstre avant de refaire une superbe pirouette et de disparaitre dans un grand plouf.
-On a dû rester un peu trop longtemps dans l’eau, commenta Dan. Tu as mis du temps à trouver la clef de l’énigme et total ils sont bien au chaud pendant que nous on se les gèle à grimper cette colline pour la deuxième fois de la journée…
-Ferme-la !
-Bon, ok. Moi j’dis ça, j’dis rien.
Comment avait-il fait pour passer en un laps de temps si court d’un mec cool et attirant à un type aussi pénible et irritant. Voilà la nouvelle énigme qu’essayait de résoudre Camomille.
Ils arrivèrent enfin à la porte du château. Ils n’avaient pas fière allure.
« Ding-dong ». Non vraiment Rose avait raison. La sonnette n’était pas à la hauteur de ce qui les attendait à l’intérieur.
La porte grinça sur ses gongs en s’ouvrant, laissant apparaitre ce qui devait tenir lieu de domestique. Il n’avait pas l’air très en forme lui non plus. Son teint était livide, les yeux écarquillé cerné de rouge, le cheveux rare, presque la bave aux lèvres.
-Veuillez me suivre je vous prie.
Allez savoir pourquoi, Dan et Camomille ne prirent pas leurs jambes à leur cou. Ils suivirent le majordome à travers un dédale de couloirs à peine éclairé par des torches qui laissaient tout de même entrevoir des portraits d’hommes et de femmes qui faisaient froids dans le dos. Enfin ils débouchèrent sur une grande salle à manger, plutôt cosy où Rose, Kevin et Ambroise étaient attablés mais ils avaient quelque chose de différent. Ils avaient l’air tout droit sortis d’un roman de Jane Austen. Longue robe de dentelle blanche et chignon pour Rose, pantalon, gilet et redingote noirs, le tout agrémenté d’une cravate blanche couvrant le cou, donnant à Kevin et Ambroise un port altier. Dos à la cheminée, présidant cette fort séduisante tablée, se trouvait un homme lui aussi fort élégant.
-Ah vous voilà enfin mes amis. Nous étions tous fort inquiet de votre disparition.
-Ben ouais, quoi, c’est pas poli, renchérit Rose. En plus vous êtes sales comme des crapauds.
-Calmez-vous chère amie. Ce n’est point leur faute.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, Rose ne protesta pas et afficha un sourire contrit.
-Des vêtements propres et décents vous attendent dans vos chambres. Nous vous attendrons avant de commencer le souper.
Camomille et Dan étaient restés coi, quelque peu médusés par ce qu’ils avaient sous les yeux. Pourtant Camomille, sans doute émoustillée de son succès contre les sirènes, osa demander.
-Vous êtes qui vous, d’abord ?
Un murmure de consternation outrée envahit la salle.
-Comment, mais vous ne m’avez pas reconnu ? Je suis votre hôte, le maître de ce domaine. Comte Dracula, pour vous servir. mais vous pouvez m’appeler Vlad, si le cœur vous en dit.
A l’invitation d’un serviteur à l’allure maladive mais très persuasif, Camomille et Dan sortirent pour aller se changer dans leur chambre. Alors qu’ils suivaient le dit serviteur, Dan souffla
- On devrait s’enfuir. On va se faire bouffer.
- Et les autres ? On les laisse comme ça ? C’est quand même nos amis, non ?
- Ben, moi, franchement je suis là parce que je n’avais pas de plan pour les vacances et je ne dis pas que je ne les apprécie pas, mais de là à me faire sucer le sang pour eux, il ne faut pas exagérer.
- J’aurais dû te laisser dans le lac. Tu n’as qu’à t’enfuir si tu es si malin, mais à moins que tu ais le plan de cette baraque tatoué quelque part sur toi, bonne chance.
- Tu te crois plus intelligente que les autres, hein sainte Camomille ? C’est quand même à cause de toi qu’on est dans cette galère.
Laissons le reste de la dispute à l’imagination du lecteur car la discussion a fini au ras des pâquerettes.
Quand Camomille eut revêtu sa robe, qui la serrait un peu aux entournures et qu’elle sortit de sa chambre, elle eut la surprise de retrouver Dan.
- Alors le prisonnier, tu n’as pas trouvé la sortie ?
Dan prit un air digne et chevaleresque qui allait très bien avec sa tenue.
- Je suis un gentleman, je ne vais pas laisser Rose aux crocs de ce vampire de pacotille.
Ah ! Jalousie ! Quand tu nous tiens !
Ils rejoignirent leurs « amis » qui avaient tous l’air en parfaite santé.
- Vous êtes superbes. Vous faites une très joli couple. Nous allons maintenant pouvoir nous sustenter.
- Nous ne sommes pas le plat de résistance j’espère, railla Dan qui semblait avoir repris du poil de la bête.
- Dan ! aboya Rose, tu es un pu…de malotru. Présente tes excuses !
- Délicieuse Rose au langage si fleuri et délicat, laissez. Il est tout à fait normal que vous ayez des à priori sur ma personne.
- C'est-à-dire, fit timidement Camomille, on est un peu inquiets. Votre réputation n’est plus à faire. La rumeur court qu’après un « repas » avec vous, les invités en ressortent exsangue, sans vouloir vous froisser.
- Cela fait longtemps que j’ai renoncé à me nourrir de sang humain.
- Ah bon ? Pourquoi ? demanda Ambroise qui n’avait vraisemblablement pas trouvé de réponse grâce à sa tablette.
- Mais à cause des antibiotiques. C’est répugnant. Savez-vous toutes les ignominies qui peuplent votre sang ? Il n’a plus le goût d’antan. J’ai essayé de manger bio, mais honnêtement c’est très surfait.
Soudain un cri lointain se fit entendre. Quelque chose comme WHAOUOUOUOU…
- Ah, fit le vampire, ce doit être Alastair. Je l’ai invité à dîner. Il n’est pas trop dans son assiette en ce moment.
- Et qui est Alastair ? demanda naïvement Kevin.
- C’est mon ami loup garou. C’est la pleine lune et il a du mal à se transformer.
- La faute à la pollution, fit Ambroise.
- Tout à fait juste. Quel intelligence mon jeune ami !
Une idée leur traversa à tous l’esprit (sauf peut-être celui de Kevin). Si Vlad n’avait aucune envie de goûter ses invités, son ami Alastair ne ferait sans doute pas autant le difficile et ne se contenterait pas uniquement de leur sang. Trois grands coups se firent entendre les faisant tous sursauter. La porte de la salle à manger s’ouvrit laissant apparaître le fameux Alastair.
Le dit Loup garou semblait effectivement avoir des problèmes de métamorphose. La moitié droite de sa personne s’était bien transformée en loup mais la partie gauche était restée celle d’un homme. Il portait un kilt vraisemblablement aux couleurs de son clan. Il s’affala sur une chaise et se prit la tête dans la main gauche et la patte droite, se lamentant sur son pauvre sort.
- Vlad, c’est de pire en pire. Au début il n’y avait que ma main gauche qui restait humaine et puis ensuite ça a été de mal en pis. La dernière fois je n’ai réussi à me transformer que de la partie supérieure et là regarde ! J’ai l’impression d’être un monstre.
Soudain il se rendit compte de la présence de cinq étrangers ébahis.
- Mille pardons, je ne savais pas que tu avais de la compagnie.
Vlad en hôte irréprochable fit les présentations ce qui relâcha un peu la pression. Puis le vampire fit tintinnabuler une clochette et une armée de domestiques entra portants plateaux et assiettes. L’aspect de ces personnes avaient quelque chose de dérangeant. Ils étaient tous blafards, l’œil morne, les cheveux poisseux, les muscles lâches et ils sortaient de leur bouche des sons étranges comme des râles. Et puis il semblait que sous leur tenue de domestiques ils portaient des hardes et à bien y regarder, certaines parties de leur anatomies paraissaient tomber en lambeau. L'un avait une oreille qui pendouillait, tandis qu’une autre avait une main sur le point de tomber.
- Ils n’ont pas l’air en forme vos employés, fit Dan. C’est aussi à cause de la pollution ? On dirait des Zombies.
- Mais ce sont des zombies. Comment croyez-vous que je puisse tenir un tel train de vie. Les humains demandent des conditions de travail inenvisageables à base d’avantages sociaux. Les elfes de maison sont toujours en grève, c’est un vrai cauchemar ! Non, vraiment les zombies sont parfaits comme personnels de maison. Ils obéissent, ne mangent pas et n’ont pas besoin de soins médicaux.
- C’est ni plus ni moins que de l’esclavage ! S’insurgea Ambroise dont la fibre militante venait tout juste de s’éveiller.
- Excusez cette question très personnelle, fit Alastair, mais vous êtes quoi exactement ?
- Je ne comprends pas, dit Rose.
- Ce sont des humains en vie, Alastair. Ça doit faire longtemps que tu n’en as pas vu.
Les cinq humains en vie se regardèrent en chien de faïence en espérant bien le rester.
- Nom d’une sorcière maléfique ! Serait-ce les cinq de la prophétie ?
- Que raconte-t-elle votre prophétie ? demanda Camomille un brin angoissée.
Vlad s’adossa à son fauteuil.
- Elle dit que cinq vaillants humains en vie viendront nous délivrer de la tyrannie et de la guerre. Deux deviendront roi et reine, un autre un très grand personnage dont l’intelligence fera de l’ombre aux plus grands esprits de la forêt et qui aura toutes les femmes à ses pieds. Quant aux deux autres, le message est plutôt obscur. On ne sait trop quel sera leur rôle. On parle de bagarres et de trahison, mais aussi d’amour et de courage ainsi que de mort et de larmes.
- Moi franchement, fit Kevin, je vote pour être roi. La couronne ça me va super bien et je ferai de Rose ma reine.
La future reine en question ne trouvait rien à y redire, ce qui n’était pas le cas de Dan et Camomille qui se retrouvaient dans la position des deux glands qui ne savaient pas ce qu’ils allaient devenir, car il était évident qu’Ambroise était tout désigné pour être le représentant de l’intelligence, quoi que le passage sur les femmes les laissaient quelque peu dubitatif sur la tournure des évènements.
- Nous verrons tout cela demain, annonça Vlad. Nous devons nous rendre dans la forêt féérique. Un conseil extraordinaire doit s’y tenir et nous nous devons Alastair et moi d’y être et si vous êtes les cinq de la prophétie, il va sans dire que vous devrez nous accompagner.
- Génial ! Comme ça je pourrai visiter mon royaume, annonça Kevin comme si le fait qu’il devienne roi n’était qu’une formalité.
- Auriez-vous une prise électrique pour que je puisse recharger ma tablette ? demanda Ambroise.
Ce fut un non ferme qui résonna aux oreilles de tous et par ce « non » le début de la fin de leur ancienne vie.
Ils se retrouvèrent le lendemain à l’aube dans la lande en route pour la mystérieuse forêt féérique. Alastair, qui avait retrouvé la forme d’un être humain plutôt bien fait de sa personne, les accompagnait. Point de véhicule, ni de monture pour s’y rendre. A pedibus ! leur avait crié Vlad comme un cri de ralliement. Autant cela eu un écho entrainant chez Kevin et Rose, autant cela resta pour les autres une mauvaise nouvelle. Camomille, qui était loin d’être une grande sportive, exprima son mécontentement en arguant qu’elle n’avait pas vu les mots randonnée forcée sur la publicité du voyagiste. Encore un truc qu’on leur avait caché. Ambroise, qui s’était remis du crayon noir aux yeux (slow gothique jusqu’au bout des cils notre Ambroise), semblait de plus en plus paniqué à l’idée de perdre sa meilleure amie « Choupette » faute de pouvoir la nourrir. Quant à Dan, son côté grognon : je n’ai pas assez dormi cette nuit et qu’est-ce que je fais là en compagnie de cette bande de demeurés alors que je pourrais m’éclater ailleurs en compagnie de jolies filles, se lisait sur son visage. Et pour couronner le tout, il y avait un dress code obligatoire kilts pour les hommes, robes longues pour les filles, pas du tout adéquat pour marcher dans la nature.
Au bout de plusieurs miles harassants, car faisons un petite point topographique sur les Highlands d’Ecosse : terre couverte de collines et de montagnes. Donc, au bout de plusieurs miles il fallut s’arrêter pour que les humains en vie qui constituaient le groupe le reste. Même Kevin et Rose, les super héros de la musculation et du fitness n’en menaient pas large. Il sera épargné au lecteur la description de l’état des trois autres.
Ils firent halte près des ruines d’un château qui surplombait, devinez quoi ? Un lac. Cela devait faire un sacré moment que l’endroit avait été abandonné car la nature y avait repris ses droits. Des nids d’oiseaux divers et variés avaient élus domiciles dans les interstices des divers tours qui avaient perdues et leur crénelage et leur superbe.
Alastair se planta face au lac, cheveux au vent. Il semblait contemplatif et un brin trop silencieux.
- Qu’est-ce qu’il a votre copain Alastair ? demanda Dan après avoir repris son souffle. Il ne semble pas dans son assiette.
- Ce château lui appartenait. C’est difficile pour lui de revenir en ces lieux.
- Dites-nous une petite chose, voulu savoir Camomille. Quel âge a-t-il exactement ?
- Oh, je ne sais pas, je dirais quatre cent ou quatre cent cinquante ans.
- On parle du château ou du bonhomme ? demanda Dan.
- L’homme bien sûr. Le château est beaucoup plus vieux.
Rose n’en revenait pas :
- Merde ! C’est quoi son secret pour rester aussi jeune ?
- C’est parce que ce n’est plus un humain en vie, n’est-ce pas ? grommela Dan.
- Eh oui, mes amis. Alastair est un fantôme.
Camomille voulu faire un trait d’humour :
- Fantôme et loup-garou ! Dites-moi il a gagné à la loterie.
Trait d’humour qui n’atteignit pas son but.
- Son histoire est si triste. Tué le soir de ses noces…
Vlad stoppa net. Il leva la tête semblant écouter le vent.
- Que se passe-t-il ? demanda Ambroise
- Taisez-vous.
Alastair revint en courant.
- Tu as entendu toi aussi
- Oui, ils sont tout près. Tu as ce qu’il faut ?
- Oui, mais je ne sais pas comment ils vont se comporter au combat.
- Eh merde les mecs, rugit Rose dont la patience atteignait visiblement sa limite. Surtout faites comme si on n’était pas là. Vous nous mettez au parfum ou bien ?
Quand Alastair les « mit au parfum » de ce qui allait arriver, ils le regrettèrent.
- Je sens la présence de Powries, autrement dit des « Bonnets rouges ».
Camomille semblait blasée :
- Traduction ?
- Traduction : On va tous mourir ! cria Ambroise en pleine crise d’hystérie que Rose stoppa en lui donnant une gifle allez-retour qui fit échos dans toute la lande.
- Ce sont d’affreuses créatures, poursuivit Alastair. Des nains gobelins, de redoutables guerriers qui aiment hanter les ruines des endroits où ont eu lieu d’affreux crimes et où les murs suintent encore le sang. C’est avec le sang humain qu’ils teignent leur bonnet. On va passer un sale quart d’heure.
- - Vous savez vous battre ? demanda Vlad.
Kevin se leva d’un bond et fit quelques gestes virevoltants de Kung Fu.
- Je suis ceinture noire de plusieurs arts martiaux. Je devrais pouvoir m’en sortir.
- Et vous autres ? demanda le fantôme. Vous savez manier la targe et la claymore ?
- Si on savait ce que c’était déjà, ça nous aiderait, fit Dan
- C’est un bouclier et une épée traditionnelle…
- Finalement, l’interrompit Dan, nous sommes les seuls en danger car si j’ai bien compris, vous Alastair vous êtes déjà mort et vous Vlad vous pouvez vous transformer en chauve-souris et nous laisser à notre triste sort.
- Techniquement, mon jeune et brillant ami, il y a longtemps que je n’ai pas tenté la transformation. Non, n’aillez crainte, nous ne vous laisserons pas, nous sommes des gentlemen et des chevaliers.
Soudain Camomille ouvrit la bouche en un hurlement muet. Elle tendit le doigt pour désigner un attroupement d’hommes de petite taille à l’allure sauvage qui ne semblait pas venir pour partager un pique-nique.
Alastair s’agita et distribua les armes. Bon sang mais d’où les sortait-il ? Disons que le fantôme écossais a toujours quelques tours magiques dans son sporram.
- Mais ça pèse un âne mort ! s’exclama Camomille en voulant brandir son épée.
- Ce n’est pas pour les fillettes, fit Kevin qui avait pourtant lui aussi beaucoup de mal.
Un rugissement se fit entendre et la horde de gobelins chargea. Ensuite tout ne fut que chaos, sang et hurlements. Ces powries étaient des hommes robustes, musclés, dotés de longs cheveux gris et de barbes tressées. Leurs yeux étaient injectés de sang et ça devait faire un sacré moment que leurs dents n’avaient pas vu une brosse. Kevin avait très vite lâché ses armes pour exercer son art et cela sembla être efficaces tant les goblins furent surpris par cette technique de guerre. Rose, après s’être cassé un autre ongle, les invectiva avec une telle violence, qu’ils n’osaient approcher de cette furie. Ambroise avait rallumé sa tablette et avait découvert que certaines citations sacrées avaient le pouvoir d’effrayer les assaillants. Il hurlait donc des extraits la Bible à s’en rompre les cordes vocales. Quant à Dan et Camomille, ils ne déméritaient pas. Ils se battaient dos à dos à coups de Claymore furieuses et parant les assauts de leur bouclier, tranchant dans la chair et faisant gicler le sang. L’adrénaline et la peur les rendaient enragés, tout comme Vlad et Alastair que l’expérience et leur technique ancestrales rendaient très efficaces.
Au bout d’un temps qui leurs parut une éternité, les survivants powries prirent la fuite, laissant chacun un ongle derrière eux. Rose les ramassa et décida d’en faire une prise de guerre, sous la forme d’un collier. Ils étaient victorieux mais exténués. Soudain un cri déchirant retentit et tous se tournèrent vers Ambroise, qui à genoux sanglotait berçant sa précieuse tablette.
- Merde Ambroise un peu de tenue ! On a gagné quand même.
- Boucle-là Rose, rétorqua Camomille. Tu vois bien que sa tablette est déchargée.
Et de fait Rose ne voulut pas envenimer les choses. Il faut dire que Camomille faisait forte impression. Non seulement elle s’était farouchement battue, laissant sur le carreau un certain nombre de Powrie, mais il fallait aussi voir sa robe autrefois blanche couverte du sang ennemi. Le respect s’imposait d’autant plus qu’elle semblait réticente à déposer les armes.
- Elle est moooorte.
- Mais non Ambroise, tenta Dan. Elle est seulement dans le coma. Nous trouverons bien une prise électrique ou si c’est plus grave un informaticien dans la forêt féérique pour la remettre sur pied. N’est-ce pas Alastair ?
Le fantôme et le vampire échangèrent un coup d’œil furtif.
- Mais oui, fit Vlad, ne vous inquiétez pas pour votre amie. Maintenant il faut continuer notre voyage. Nous devons absolument arriver avant la nuit.
Ils se remirent donc en route. Plus que jamais, les humains en vie avaient frôlé la mort.
Après plusieurs heures de marche ils arrivèrent en vue d’une forêt. Alors qu’ils étaient sur le point d’y pénétrer, ils se firent interpeler :
- Eh, vous là-bas, montrer laissez-passer à moi.
Tous tentèrent de voir à qui appartenait cette voix au fort accent slave.
- Nommez-vous ! cria Alastair
- Nommez-vous vous-même, rétorqua la voix
- Je suis Alastair McLarnon, du clan des McLarnon. Nous venons pour assister au conseil.
- Et les autres ?
- Mais diantre, à qui avons-nous l’honneur voulu savoir Vlad qui n’aimait pas ce manquement à la politesse.
Ils virent alors apparaître une petite bonne femme qui ressemblait fort à une sorcière : le nez crochu avec verrues incorporées, yeux cruels et toute vêtue de noir.
- Baba Yaga ? C’est vous ?
- Ben oui, c’est moi. Qui que vous croyez qui c’est.
Vlad n’en croyait pas ses yeux.
- C’est vous la sentinelle de la forêt féérique ? Je vous croyais toujours dans celle de Russie.
- Ah, Vlad, pauvre ami de moi. Des choses pas catholiques qui se passaient là-bas. Pas bon conseil. Démocratie en grand danger. Chasse aux sorcières déclarée. Moi fuir et trouver travail.
- Pourquoi parlez-vous de cette façon ? Vous et moi savons que vous connaissez parfaitement toutes les langues parlées dans les forêts féériques du monde entier.
- Oh, pardon, c’est pour le folklore. Mais c’est vrai, c’est moche ce qui se passe là-bas. J’ai émigré ici et je suis devenue la gardienne de la forêt.
Alastair intervint :
- Ou est donc passé Brutus le cerbère ?
- Il a pris sa retraite. Il était temps ! Il s’était mis à bouffer tous les voyageurs. Le roi et la reine ont décidés que c’était mauvais pour l’image de marque de l’endroit.
- En parlant d’image de marque, j’imagine que vous ne volez plus d’enfants pour les manger.
Un éclat mauvais brilla dans le regard de Baba Yaga
- Des médisances, rien d’autres que des médisances. Avec qui voyagez-vous ?
- Il se pourrait bien que ce soit les cinq de la prophétie.
- Qui, eux ? Vous plaisantez.
Il faut bien avouer que le groupe ne brillait pas par sa prestance. Ambroise était toujours en train de pleurnicher et son maquillage apparemment par waterproof avait coulé ; Kevin avait perdu son brushing et Dan était assis par terre, hagard se balançant à la manière de Rain Man, version vétéran souffrant de syndrome post-traumatique accéléré. Restaient Camomille, guerrière redoutable, la robe couverte de sang séché et Rose, toujours pimpante, arborant son collier trophée autour du cou.
- Ils se sont bien battus, déclara haut et fort Alastair. Nous avons eu maille à partir avec des « bonnets rouges ». Leur courage a été exemplaire.
- Et bien j’espère qu’il leur en reste un peu.
Baba Yaga n’en dit pas plus et les autorisa à entrer en forêt féérique.
Au début, cette forêt ressemblait à une forêt normale, disons non féérique comme on en trouve partout en Europe. Mais à mesure que l’on y pénétrait plus profondément, de petits signes alertaient sur le caractère magique de l’endroit. A première vue cela ne sautait pas aux yeux. Le vert sombre des arbres devenait plus lumineux, des clairières à l’herbe tendre piquées de petites fleurs aux couleurs exquises se faisaient plus nombreuses. De petites créatures ailées chatoyantes volaient ici et là. Mais les cinq humains en vie à bout de souffle ne virent pas ces petits changements. A une intersection, Alastair fit halte devant deux panneaux. L’un sur la gauche indiquait « Palais féérique du bien-aimé roi et de sa sublime reine », l’autre pointant à droite indiquait « Chemin de la honte, du déshonneur et de la douleur des ténèbres qui font mal »
- Cher ami, un problème ?
- C’est étrange…
- Ecoutez, il me semble évident qu’il faut aller à gauche.
- Sans blague, Kevin, railla Rose.
- Non, je crois que les panneaux ont été changés. Je me demande si… BLAGLOCKSSON ! hurla Alastair. Sors d’ici tout de suite ou tu vas avoir droit à une correction de notre redoutable tueuse de Powries.
C’est alors qu’un petit personnage sortit d’un buisson luxuriant. Il était minuscule, habillé à la mode scandinave, une longue barbe trainant au sol.
- Cela t’amuse encore de faire ce genre de blague, le tança Vlad. Tu en es toujours à changer les panneaux de signalisation du chemin des fées ? A ton âge !
Le nain prit un air contrit mais il gardait un petit sourire au coin des lèvres.
- Non, je vole aussi les gâteaux qui refroidissent sur le bord des fenêtres et le linge qui sèche et bien d’autres choses encore.
- Merde, il faudrait te mettre en taule, sale petit avorton.
Blaglocksson eut l’air choqué que de tels propos puissent sortir d’une aussi jolie femme. Pourtant :
- Eh beauté fatale blondasse, tu sais ce qu’il te dit l’avorton ? Sale ****, Je vais te ****…(Devant le caractère ordurier des propos tenus, l’auteur se voit dans l’obligation de censurer les dit propos).
Rose devint rouge cramoisie et seul le bras puissant d’Alastair pu la retenir pour éviter que ne coule à nouveau le sang.
Vlad décida d’intervenir en mode tout sucre tout miel :
- Que dirait la belle Sylphide dont tu es amoureux si elle savait que tu parles aussi grossièrement ?
- Ne lui dit rien, honorable vampire. Je vous promets que cela n’arrivera plus.
Et sur ce, il disparut d’un bond dans les fourrés.
Le groupe prit donc à droite.
Tout était beau, coloré, chatoyant. Au détour d’un arbre on pouvait apercevoir une cascade cristalline ou bien un champ couvert de fleurs sauvages aux mille et une couleurs. Là, oui, vraiment, ils pouvaient commencer à croire qu’ils se trouvaient dans une forêt féérique. Puis ce fut le crépuscule. Le soleil laissa la place à l’ombre, puis la nuit tomba lentement. Alors de petite lumières se mirent à voler autour d’eux leur indiquant le chemin.
- Ce sont des lucioles indicatrices, crut bon d’expliquer Alastair aux étrangers.
Mais les étrangers en question s’en fichaient éperdument. Même Ambroise, si avide de savoir n’en avait rien à faire. Plus rien n’avait d’importance pour lui. Sans sa tablette il se sentait perdu.
Vlad et Alastair ralentirent, puis s’arrêtèrent soudain.
- Nous y sommes, dit Vlad. Nous voilà dans la clairière où se tient le conseil présidé par le roi et la reine. Restez avec nous.
- Une minute, intervint Kevin. Je croyais que c’était moi le roi et Rose la reine. Va-t-il falloir qu’on fasse un coup d’état.
- Je n’ai pas dit ça, dit Vlad.
Il voulut donner des explications puis se ravisa. Ce jeune blanc bec verrait sur place.
Ils pénétrèrent enfin dans la clairière. Au centre se trouvait souche d’arbre d’une circonférence impressionnante. Au centre étaient placé deux trônes et autour desquels étaient disposés un certain nombre de sièges plus modestes mais de très belle facture. Autour de la souche s’étalaient des gradins où le peuple de la forêt féérique attendait ses souverains, frémissant comme un public attendant l’ouverture du rideau. Si les cinq humains en vie n’avaient pas été si épuisés, ils auraient pu voir toute la diversité de ce peuple. Il y avait des fées de toutes sortes, des elfes, des nains, des siths, des pucks, des ondines, des fuaths et des créatures qui ressemblaient à des humains mais qui n’en n’étaient certainement pas. Le groupe trouva de la place dans les gradins. A peine installé, d’énormes fleurs se mirent à sonner comme des trompettes, annonçant l’arrivée solennelle de personnages importants. La procession s’avança et les cinq humains en vie ouvrirent de grands yeux de chouettes. Il y avait six créatures. La première était un bipède qui semblait entièrement végétal et couvert de fougères. Les deux suivants semblaient aussi être des bipèdes, mais l’un était en feu tandis que l’autre ne semblait constitué que d’eau. Le quatrième paraissait fait de terre. Le cinquième avait l’apparence d’un zombi (s’en était certainement un). Il donnait l’impression qu’il allait tomber en poussière d’une minute à l’autre. Quant au sixième, ce n’était ni plus ni moins qu’un champignon qui fumait une pipe. Mais point de souverains en vue. Les trônes étaient vides et un frisson parcouru le peuple de la forêt féérique.
La créature couverte de fougères s’avança et prit la parole.
- Bien aimé peuple de la forêt féérique. Un drame est survenu à notre roi et à notre reine. Ils se sont découvert des rides. Ils ont vieilli. Selon la loi, nous avons dû les bannir, avec leur consentement naturellement.
Apparemment cela semblait être une pratique coutumière car cela ne souleva aucun tollé. Tout juste entendit-on ça ou là un sanglot ou un soupir.
La « chose » liquide se leva.
- Les temps sont troublés. Notre monde est en danger. Nous devons trouver de nouveaux souverains jeunes, beaux et qui aient du style.
Alastair se leva et prit la parole et s’adressa au conseil très respectueusement.
- Votre Fougéritude, Votre Inondation, Votre Incendie, Votre Champ labouré, Votre Vétusté et Sire Champix. Je suis Alastair McLarnon, du clan… blablabla (Nous passerons tout le protocole qui est d’un ennui !) Je crois que nous avons ce qu’il faut. Nous avons avec nous cinq humains en vie qui pourraient bien être les cinq de la prophétie.
La foule s’agita.
Son Inondation produisit une vague et lança :
- Montrez-les nous !
Alastair poussa Rose et Kevin à monter sur la souche. On entendit ça et là des « mouais, pas mal », des « super ! », des « bof », des « whah ! » et quelques autres petites choses. Le conseil fit conciliabule mais ne posa aucune question mise à part celle-ci :
- Quel âge avez-vous ? demanda Sa Vétusté.
- Vingt et un ans, répondit Kevin
Le peuple féérique se tut soudain. C’était la stupéfaction. Vingt et un ans ? C’étaient les souverains les plus jeunes que la forêt féérique ait jamais eu, la moyenne d’âge étant de cent quatre-vingt ans. Bien sûr le temps ne passait pas de la même façon car l’endroit, vous l’aurez peut-être était empli de magie. Ceux qui venaient d’être mis au placard avaient dans les deux cents cinquante ans.
Son incendie prit la parole en lançant quelques flamèches.
- Il me semble d’un bon présage que ces humains jeunes, beaux et en bonne santé nous soient envoyé. Acceptez-vous le poste ?
- Merde ! Evidement qu’on l’accepte !
La foule se déchaina dans des viva et des hourras. Les trompettes fleurs retentirent, les lucioles se mirent à danser avec des fées qui s’étaient changées en papillons multicolores. Ne manquait plus qu’un peu d’alcool et un DJ. Bref, tout cela semblait très positif, du moins pour Kevin et Rose, parce que pour les trois autres…